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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 10:38

Source marc Choper, Le Monde du 1er Septembre

Du droit au bonheur pour tous.

M. Choper, dans son article publié dans le journal Le Monde du 1er Septembre évoque la nouvelle traque qui est désormais engagée à l'égard du régime Kadhafi : celle de l'argent dissimulé grâce aux rouages internationnaux par les tyrans des régimes dictatoriaux. J'ai trouvé personnellement l'article intéressant en ce qu'il montre les travers du système monétaire international et aussi comment une démocratie peut se retrouver à servir les intérêts de ce genre de personnage. Mais je veux aller plus loin. La démonstration réside surtout dans ma volonté d'exprimer un malaise chez le citoyen devant son droit au bonheur, et de démontrer que la régulation internationale financière n'est pas une simple lubbie, mais bien une nécessaire avancée de la démocratie internationale mais aussi locale. Quelque part, la notion du droit des peuples à disposer d'eux-même me semble bafouée par les marchés financiers. 

 

Tou d'abord l'objet de la quête de la fortune de Kadhafi vise à organiser le financement de la reconstruction de la Lybie. L'auteur de l'article a mis en évidence les écueils pour les spécialistes de cette traque, mettant en exergue la chance, l'intuition et l'expérience nécessaire des enquêteurs ainsi que l'importance de la résolution de l'ONU de faire geler les avoirs internationaux par les Etats solidaires de la Lybie. Cependant rien ne suffira à permettre d'en récupérer, ne serait-ce qu'une infime partie. 

On apprend rapidement que Patrick Grayson est chargé de la chasse à la fortune, était directeur général pour l'Europe de l'agence américaine de détectives Kroll Associates entre 1986 et 1994. Ancien des forces britanniques, il a eu un rôle de premier plan dans la mise au jour des actifs cachés à l'étranger par Saddam Hussein. M. Marc Choper, l'auteur de l'article précise d'ailleurs que M. Patrick Grayson avait découvert que le Raïs avait organisé une multitude de montages financiers pour devenir l'un des plus gros actionnaires de Matra et d'Hachette! J'ai donc bondi sur mon fauteuil.

 

Quand j'ai acheté des dictionnaires de la marque Hachette Matra, j'ai payé malgré moi, une partie des robinetteries en or du dictateur le plus influent du monde de l'époque et cautionné de manière indirecte les exactions qu'il pouvaient réaliser dans les villages victimes de ses atrocités, dénoncées depuis comme des crimes contre l'humanité. Petit humble citoyen, je payais donc sans le savoir, l'assise d'un criminel. En ce sens, étant une partie d'un peuple ayant le droit à disposer de lui-même et fervent défenseur des droits de l'homme, je me suis aperçu que j'avais payé pour consolider un régime, (c'est bien symbolique mais tout de même). Si peu que ma participation soit, Hachette est une multinationale qui vend partout dans le monde. Je ne parle même pas de Matra, entreprise spécialisée dans l'aéronautique, l'aérospatiale, l'automobile, le transport, les télécommunications, et on ne dira pas que le groupe, sous l'influence du groupe Lagardère s'est dirigé vers les médias et la presse! En ce sens, tous les citoyens, fervents défenseurs du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ont financé le régime irakien de l'époque, qui méprisait précisément ce droit des peuples dans ces propres frontières.

Le fait que le groupe Matra Hachette se dirige vers la presse n'est pas anodin. Le problème devient très alarmant si l'on sait qu'un dictateur actionnaire peut devenir très influent sur les données fournies par la presse, et cela n'invite pas à cautionner le système financier international dont la facilité à dissimuler des avoirs, conduit à s'interroger sur sa dangerosité

Continuons sur le thème de Kadhafi ; plus complexe que celui de Saddam Hussein selon M. Grayson. Ce dernier estime que le cas du Lybien est lié au fait que le "Guide" était dans une situation de "paria" à l'international. Il a donc développé un grand savoir-faire dans la dissimulation des avoirs volés, organisant une cascade de sociétés écrans et d'enseignes "coquilles vides" ouverte par des "hommes de paille" dans les paradis fiscaux. On y apprend à ce propose que la zone off shore des Antilles est un paradis (fiscal) très estimé et que la société qui finançait la résidence londonienne masquait une série de trusts masquant l'identité du destinataire. L'ensemble des avoirs ayant disparu sont estimés à 2,9 milliards, le montant global des avoirs lybiens gelés par l'ONU est estimé à 168 milliards de dollars.

Et voilà la phrase de l'article qui m'interpelle le plus : "En revanche, en ce qui concerne la fortune personnelle du Tyran et de ses proches, déterminer l'ampleur des vols d'avoirs relève de la pure devinette, car les Lybiens étaient passés maîtres dans l'utilisation des zones d'ombres de l'économie mondiale, insiste Global Witness". 

Si les Lybiens y arrivent et si Global Witness est au courant de ces pratiques, il est impossible de ne pas se dire que le système international ne permettent pas aujourd'hui à n'importe quelle entreprise une dissimulation massive d'avoirs considérables, que l'on soit un tyran, un Etat, une multinationale comme Total, une entreprise d'investissement à l'affût des règles internationales en la matière et d'échapper à toute forme d'imposition (aidé en cela par des niches fiscales inégalitaires, source de moindre-démocratie et de développement des inégalités sociales). De plus l'expérience Saddam Hussein démontre cette anomalie : que Kadhafi est nécessairement introduit dans les secteurs industriels des démocraties.

Deuxième passage choc de l'article : les "dispositifs sophistiqués montés par les responsables de la Jamahiriya" ont des "intermédiaires occidentaux" qui façonnent "ces structures". "Un réseau de banquiers privés, d'experts comptables ou d'avocats internationaux est passé maître dans l'art de faire fructifier les avoirs sales à l'abri des regards, la gestion de tels avoirs est une activité très lucrative". "Des potes et autocrates, qui disposent de l’immunité diplomatique, sont cajolés par les pouvoirs politiques, de gauche comme de droite. Et si les établissements occidentaux bien régulés refusent d’ouvrir un compte aux «politically exposed individuals», comme on appelle en jargon les dirigeants controversés, d’autres institutions, chinoises, indiennes, latino-américaines ou russes, plus accommodantes avec les fonds d’origine douteuse, s’en chargeront sans états d’âme." (Voilà comment légitimer la Real Politik soit dit en passant) "Le Koweït s’est efforcé pendant des années, avec l’aide de Kroll, de retrouver les fonds volés par Saddam Hussein lors de l’invasion de l’émirat. Au total, la récolte s’est révélée très modeste. C’est que le processus juridique de confiscation et de restitution d’actifs à l’échelle internationale est long et complexe." Dans un récent rapport très critique intitulé : « Les barrières à la récupérationdes actifs», la Banque mondiale dénonce les obstacles institutionnels créés par le manque de volonté politique, les lacunes de la coopération judiciaire internationale, les lourdeurs opérationnelles et les carences de la formation des magistrats et des enquêteurs."

 

Venons-en donc à la taxe tobin ou la volonté politique de développer une taxe internationale sur les transactions financières. Les mécanismes de dissimulation d'avoirs, inadmissibles et intolérables ne doivent pas endiguer la volonté de juguler les abus pratiqués. Car mon objectif est bien de démontrer que si le système est pourri par la possibilité de dissimuler des avoirs, il l'est aussi par le fait que la spéculation gangrène la démocratie à sa manière. Aujourd'hui, les stratèges financiers organisent des spéculations et créée des bulles financières à très grande échelle, et les ordres de bourse sont réalisés par des logiciels, à qui l'outil juridique de la dissimulation peut donner la possibilité de ne souffrir d'aucune forme d'imposition. Par ailleurs, La dissimulation peut devenir un outil juridique d'influencer les marchés à la hausse comme à la baisse et ce d'une manière qu'il est possible de dégager du profit sans autre forme que le simple fait d'anticiper la hausse ou la baisse. Si cette pratique organise l'instabilité des marchés et influence considérablement la dette des Etats qui repose sur les épaules des contribuables, elle peut parfaitement être régulée par des banques d'affaires aux avoirs très important, via des ententes (Renseignements à prendre auprès de personnalités comme Polson). Ainsi, il est théoriquement possible de décider de la chute d'un cours en y injectant des sommes considérables, et par informatique de multiplier les paris sur la hausse ou la baisse et de dégager un cash très important puis de le dissimuler. On ne voit pas pourquoi les banques ne le feraient pas.

 

De ce constat, il est parfaitement justifier de créer une taxe Tobin, qu'elle que soit l'échelle de celle-ci, car le marché financier est devenu nocif pour la démocratie. La crise de 2008 a nationalisé les dettes des banques, mais pas les profits. Les Etats sont soumis au marché et il faut inverser cette tendance catastrophique pour les peuples, pour lesquels l'ONU a proclamé le droit au bonheur et le droit de chacun d'avoir un travail (que le préambule de 1946 défend), une maison et une situation confortable. Intégrer une telle taxe a démontré en Suède, la fuite des investisseurs. Cela a-t-il empêché la Suède de se développer? Les investisseurs sont source de l'instabilité économique des Etats et de leur bananisation. Il n'y a qu'à constater le dessin de Plantu en couverture de Le Monde, le 1er septembre dénonçant Mme Bettencourt, constater l'affaire des rétro commissions et l'affaire Karachi pour laquelle le bouclier du non-déclassement des documents soupçonnés d'être compromettant pour le financement de la campagne de M. Balladur en 1995 a été levé par le Premier Ministre. doit-on évoquer l'affaire Woerth? 

Le discours des financiers est de dire que la croissance dépend des marchés financiers, c'est faux. La croissance ne dépend que du développement du PIB d'un Etat, la somme des valeurs ajoutés de chaque entreprise. Si l'entreprise n'a plus à payer de sommes considérables à ses actionnaires, alors elle peut envisager une stratégie de long terme, pérenne et saine pour elle-même et tous ses salariés, moisn encleinte à la rentabilité. La bourse est devenue une jungle qui désorganise l'économie et pas l'inverse, elle met une pression considérable sur les épaules des dirigeants en quête toujours d'une meilleure rentabilité. Les Banques ne doivent pas nuire à l'économie en spéculant. Leur détention des dettes d'Etats met ces derniers à leur pied. Il y a un conflit d'intérêt très grave.

Il faut arrêter de croire que l'entreprise dépend des marchés financiers, c'est un mensonge très bien organisé. Si une taxe sur les transactions financières doit se faire, il faut avoir le courage de l'assumer : si la zone euro l'adopte, oui les investisseurs iront en Angleterre. Mais notre zone, pourra envisager de fonctionner sur une base saine, où les cours des échanges ne se fera plus aussi rapide, mais d'une manière stable qui n'imposera plus autant de pression sur les salariés. La stabilité financière est la source du développement économique des peuples. Les marchés financiers est la source du développement économique de certains au détriments de tous les autres et l'alimentation de croissance zéro et de la récession. De plus cette bananisation des Etats invite à justifier la politique du Premier Ministre selon lauqelle l'Etat doit assainir sa situation économique!

Quelle ironie!! La dépendance inventée aux marchés, justifiant l'instabilité, permet au Premier Ministre de justifier la mauvaise situation économique de la France. Cette situation économique très difficile est une conséquence et non une cause. Il ne faut pas inverser les choses! Cette politique conduit à dire qu'il faut sabrer les services publics, supprimer les postes de l'Education, tailler l'hôpital public, réduire le nombre de fonctionnaires de la sécurité, transférer des compétences aux collectivités sans contre partie réelle afin d'organiser une absence de moyen, c'est inadmissible!

D'aucuns me répondront que suivre l'exemple de la Suède qui a eu ce courage de taxer les transactions financières n'est pas possible. La Suède avec 9 millions d'habitants, ce n'est pas la France, et l'exemple par conséquent ne peut être reproduit en France. Pourquoi?? Quel pessimisme! Parce que la France est très centralisée historiquement? Et bien décentralisons, Agissons, réagissons, défendons nous devant cette dictature de la pensée économique!

Permettons de concevoir des zones à 9 millions d'habitant avec une réelle liberté d'administration, voir une indépendance constitutionnelle, sans être soumise à un régime trop drastique de contrôle de l'Etat. Obligeons ces zones de 9 millions d'habitants à respecter des finances publiques saines et à diriger l'économie vers le local et non l'international, permettons la péréquation entres elles, créons une croissance saine basée sur une stabilité pérenne. Ce raisonnement prouve que la centralisation n'est pas la source de l'avenir démocratique. L'autonomie de ces collectivités devra être développée et le chemin fédéral doit être défendu pour lutter contre la puissance financière et de l'occulte. 

Accepter de croire que le marché doit dicter sa loi, c'est avaler un discours démagogique. Vous pouvez singer M. Katherine, ou réagir. Assez de bananes. Du courage, de la conviction et de la solidarité s'il vous plaît. 

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  • Thomas Bonne
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Titulaire d'un Master administration de l'entreprise, d'une licence de droit public 
Lauréat des concours administratif de rédacteur territorial 2011 et d'attaché territorial 2012 et Inspecteur des finances publiques
  • Thomas Bonne Titulaire d'un Master administration de l'entreprise, d'une licence de droit public Lauréat des concours administratif de rédacteur territorial 2011 et d'attaché territorial 2012 et Inspecteur des finances publiques

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